Réintroduction historique de trois tigres de Sibérie en Russie
- tigresdelamour
- 16 oct. 2016
- 4 min de lecture

Souvenez-vous. En mai 2014
Trois tigres de Sibérie orphelins, deux mâles et une femelle, ont été relâchés dans l'Extrême-Orient russe. Il s'agit de la plus grande opération de remise en liberté de tigres de Sibérie de l'histoire, rendue possible grâce aux efforts conjoints du Fonds international pour la protection des animaux, de Special Inspection Tiger, de l'A.N. Severtsov Institute of Ecology and Evolution, de l'Académie des sciences russe et de la Wildlife Conservation Society (WCS).
Le tigre de Sibérie ou tigre de l'Amour est principalement présent en Russie. Avec une population estimée à seulement 360 individus contre 400 il y a quelques années, l'espèce est présente sur la Liste Rouge des espèces menacées et considérée comme "en danger d'extinction" malgré une conservation relativement réussie puisque dans les années 1930, la population ne dépassait pas les 20 à 30 animaux.
Les tigres sont principalement menacés par le braconnage et la destruction de leur habitat, imputable à la déforestation et aux incendies. Le déclin des populations de mammifères ongulés de la région, à la base de leur alimentation, ajoute encore à la détresse des félins. Ces facteurs cumulés sont responsables de la mort d'un nombre croissant de tigresses. Les petits tigres orphelins, affamés et épuisés, errent alors vers les villages à la recherche de nourriture », explique Maria Vorontsova, Directrice régionale d'IFAW Russie. « Chaque vie compte si nous voulons sauver cette espèce en voie de disparition. Nous avons remis ces trois tigres en liberté dans une région où aucun tigre n'a été aperçu depuis de nombreuses années et où nous pensons qu'ils ont entièrement disparu. Confortés par le succès de nos précédentes opérations, nous pensons qu'ils ont toutes les chances de survivre dans la nature », affirme-t-elle.
Après une longue période de réadaptation, trois jeunes tigres sont relâchés dans la nature de l'extrême est de la Russie, près de la frontière chinoise. Il y a près de 50 ans que les tigres de l'Amour ont disparu de cette région. Mais les évaluations récentes indiquent que nombre de proies sont suffisantes et l'habitat convenable pour assurer la survie des tigres. Une excellente occasion de recoloniser l'habitat perdu du tigre de l'Amour dans l'Extrême-Orient russe.
Parmi les tigres de Sibérie relâchés, deux frères : Borya et Kuzya, retrouvés près d'Andreevka, dans le Primorié, au mois de novembre 2012. Les tigres secourus avaient été transportés au Centre de réhabilitation de la vie sauvage, dans la même région. Âgés de quatre mois lors de leur découverte, les tigrons ne pesaient alors que 13 kilos, très affaiblis et meurtris par des engelures.
Durant leur réhabilitation les tigres recueillis ont chacun adopté un comportement différent. Kuzya, plus passif que son frère, passait son temps à observer son environnement ; Borya, à l’inverse, ne tenait pas en place et partait régulièrement explorer son nouvel habitat.
Plus tard une autre Tigresse baptisée Svetlana, a également été retrouvée le 9 janvier 2013, près du village de Svetlogory, dans le Primorié, et apportée au centre de réhabilitation. Le bébé tigre souffrait d'engelures et était très amaigri, ne pesant que 29 kilos à presque sept mois.
Le troisième tigre relâché est une femelle baptisée Ilona. Elle a été retrouvée le 25 février 2013, alors qu'elle était âgée de 6 à 7 mois. Dans un premier temps, elle a été prise en charge dans le Centre de réhabilitation de la vie sauvage.
Les cinq tigres secourus ont été placés dans un centre dédié aux espèces menacées d'extinction construit par le Severtsov Institute of Ecology and Evolution et Inspection Tiger à côté du village d'Alekseïevka, dans le kraï du Primorié. « Les tigres ont été préparés à regagner la vie sauvage. Ils sont en bonne santé et parviennent à traquer et chasser leurs proies tout en évitant les humains », explique le Dr. Viatcheslav Rozhnov, Sous-Directeur du Severtsov Institute of Ecology and Evolution. De plus, pendant le processus de réhabilitation, les tigres n'ont eu aucun contact avec des humains et étaient surveillés à distance à l'aide de caméras.
En mai 2014, les trois tigres à libérer ont été pesés et mesurés, puis équipés de colliers satellite.
« Les félins ont été placés dans des caisses de transports construites sur mesure et ont parcouru les quelque 1 300 kilomètres qui les séparent de leur nouvelle maison, située dans une aire protégée de l'Oblast d'Amour. Un vétérinaire d'IFAW était également du voyage pour surveiller leur état de santé» précise l'association IFAW.
Les deux frères ont immédiatement quitté leurs cages dès l'ouverture de la porte. Il n'en fut pas de même pour la femelle qui, bien qu'agitée, est restée de longues minutes dans sa cage, avant de s'élancer à son tour à la conquête de son nouveau territoire .(A voir dans notre rubrique vidéo)
Maintenant hors de danger, ils retournent dans la nature sans assistance humaine. Toutefois, ils seront suivis par satellite grâce à leurs colliers émetteurs qui se détacheront automatiquement dans un an.
Vladimir Poutine, le président de la Fédération de Russie connu pour son engagement dans le projet de réhabilitation des tigres de Sibérie, assistait à cet événement soutenu par l'État russe qui s'emploie à les protéger dans leur habitat sauvage en réprimant fortement la chasse illégale.
Ainsi en témoigne la condamnation d'un chasseur russe à 14 mois de travail disciplinaire et une amende de 18 500 dollars, fin décembre 2012, reconnu coupable d'avoir tué un tigre de Sibérie. De plus, ses droits de chasse ont été révoqués et son arme confisquée rapporte le WWF.
Des réintroductions prometteuses
Ce n'est pas la première fois que ce type de réintroduction est conduite mais jamais avec autant d'animaux en même temps. En effet, Severtsov Institute of Ecology and Evolution et Inspection Tiger mettent en œuvre un programme spécialisé de réhabilitation des tigres de Sibérie qui a déjà fait ses preuves. Un an auparavant, une tigresse prénommée Zolushka avait ainsi été relâchée avec succès. Les informations récemment recueillies et les images enregistrées à l'aide de pièges photographiques placés dans la forêt montrent que l'animal a parfaitement réussi à se réadapter à son habitat naturel, se réjouit IFAW.

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